Quels sont les objectifs du traitement
À ce jour, il n’existe pas de traitement curatif des lymphœdèmes. C’est une maladie chronique dont on ne guérit jamais.
Les objectifs du traitement du lymphœdème
- Réduire le gonflement du membre et l’empêcher de s’aggraver.
- Prévenir les infections du membre atteint qui aggraveront ultérieurement la maladie
- Réduire et prévenir les réductions de mobilité du membre atteint.
- Le cas échéant, réduire les complications douloureuses.
- Prévenir les conséquences négatives du lymphœdème sur la qualité de vie personnelle et professionnelle.
Le traitement du lymphœdème repose sur un ensemble de mesures regroupées sous le terme de « physiothérapie décongestive combinée ». Mise en place rapidement, elle se révèle efficace pour réduire le volume du membre atteint et pour soulager les symptômes, mais elle est contraignante.
Parmi les traitements mis en place dans cette approche, on peut citer
- Une compression du membre atteint avec des textiles ou des bandages de compression, suivie du port quasi permanent de contentions élastiques.
- Des exercices physiques spécifiques effectués sous le contrôle d’un kinésithérapeute.
- Des séances de drainage lymphatique (massage manuel pratiqué par un kinésithérapeute spécialement formé).
- Des conseils d’hygiène de la peau et de prévention du surpoids.
- La pratique d’une activité physique adaptée.
Parce que le lymphœdème n’est pas une accumulation d’eau (comme l’est l’œdème des jambes), les médicaments diurétiques n’ont aucun intérêt dans son traitement.
Le traitement du lymphœdème comprend deux phases distinctes : la phase intensive et la phase d’entretien.
La phase intensive du traitement des lymphœdèmes
La première phase, dite « intensive » ou « de réduction du volume », a pour objectif de réduire le volume du membre atteint. Elle peut se faire en hospitalisation ou en ambulatoire (visites de jour à l’hôpital). Cette phase consiste à appliquer autour du membre des bandages à allongement court, dont certains sont ajustables grâce à des attaches velcro (« wraps »), posés éventuellement sur un capitonnage de mousse ou de coton.
Ces bandages sont gardés 24/24h et renouvelés toutes les 24 à 48 heures pendant 1 à 6 semaines (au moins 5 jours par semaine). Leur objectif est une diminution de volume du membre atteint de 30 à 40 %. La pose de ces bandages est enseignée au patient (ou à ses proches) qui pourra les réaliser régulièrement pour continuer à faire diminuer le volume du lymphœdème.
Parfois, cette phase met en œuvre des « dispositifs de compression » ou « pressothérapie intermittente » qui sont des pompes reliées à une manche qui enveloppe le bras ou la jambe. Le dispositif pompe de l’air dans la manche de façon intermittente pendant un cycle minuté, ce qui comprime régulièrement le membre.
La phase d’entretien du traitement des lymphœdèmes
La deuxième phase du traitement, dite « d’entretien », a pour objectif de maintenir sur une longue durée le volume réduit obtenu au cours de la phase intensive. Elle repose sur le port quotidien de bas (chaussettes, bas-cuisse, hémicollants ou collants) ou de manchons de compression (de « contention ») élastiques de classe élevée (en général 3, parfois 4). Ces vêtements compressifs sont en tricotage circulaire plus extensibles mais peu rigide ou en tricotage rectiligne moins extensible et plus rigide. L’indication pour l’un ou l’autre dépend de la sévérité de l’œdème et de l’acceptation du patient. Ils sont portés pendant la journée. La nuit, des bandages à allongement court, similaires à ceux utilisés lors de la phase intensive, doivent être utilisés au moins 3 nuits par semaine. Des vêtements compressifs de nuit existent et peuvent être une alternative au bandage de nuit. La compression de nuit permet de maintenir plus longtemps les bénéfices de la compression de jour et de prolonger la phase de maintien et la stabilité de l’œdème.
Le choix de la classe des bas et des manchons de compression est fait par le médecin en fonction de la sévérité du lymphœdème et des caractéristiques du patient. Ces bas ou manchons sont vérifiés tous les 3 à 6 mois (évolution des besoins, usure) et systématiquement remplacés tous les 4 à 6 mois pour maintenir une compression suffisante. Des exercices de kinésithérapie et des drainages lymphatiques manuels sont également prescrits au cours de ces deux phases.
Les mesures hygiéno-diététiques du lymphoedème
Parce que le surpoids et l’obésité augmentent le risque et la sévérité d’un lymphœdème, les personnes en surpoids qui sont à risque (par exemple après un traitement contre le cancer) reçoivent des conseils diététiques et relatifs à l’activité physique afin de perdre du poids et d’éviter d’en reprendre. Dans certains cas, un suivi nutritionnel est prescrit.
Les soins de la peau du membres souffrant de lymphoedème
Parce que la peau d’un membre atteint de lymphœdème est plus vulnérable aux infections, une hygiène rigoureuse de la peau est indispensable :
- Après la douche ou le bain (pas trop chaud), appliquez une lotion hydratante sur le membre atteint. Le lymphœdème rend la peau plus sèche et craquelée, ce qui peut s’avérer une porte d’entrée pour un micro-organisme infectieux.
- Gardez les cuticules des ongles du membre touché souples en y appliquant une lotion au moins une fois par jour. Coupez vos ongles en ligne droite et limez-les. Ne coupez pas et n’arrachez pas vos cuticules.
- Évitez de marcher nu-pieds. Les mycoses des orteils (« pied d’athlète ») sont des portes d’entrée pour les micro-organismes infectieux. Surveillez vos pieds et traitez-les le cas échéant.
- En cas de lymphœdème, les soins de pédicurie doivent être pratiqués par des personnes qui ont l’habitude de soigner des patients de ce type (ou des patients diabétiques dont le pied est également plus vulnérable aux infections).
- Évitez la chaleur intense, restez raisonnable sur l’usage du sauna ou du hammam.
- Appliquez un écran solaire sur le membre atteint et couvrez-le avec un vêtement.
- Portez des gants pour jardiner et cuisiner. Évitez les piqures d’insectes ou griffures animales. Utilisez un dé quand vous faites de la couture.
- Soignez rapidement les coupures ou brûlures. Nettoyez la zone atteinte, appliquez-y un antiseptique, puis protégez-la avec un pansement propre. Changez-le dès qu’il est mouillé et au moins une fois par jour.
- N’exercez pas de pression sur le bras ou la jambe atteint de lymphœdème. Attention aux courroies de sac à main si le bras est atteint.
- Évitez les séances d’acupuncture.
- En cas d’atteinte du bras, lors de prise de sang ou d’injection intraveineuse, assurez-vous qu’elle soit faite sur l’autre bras.
- Privilégier les vêtements et bas en coton en cas de peau sensible.
- Pratiquer une activité physique adaptée.
L’activité physique adaptée a pour objectif d’augmenter le tonus musculaire, ce qui favorise la remontée de la lymphe dans le corps et aide, le cas échéant, à contrôler son poids. Le kinésithérapeute ou le médecin traitant propose diverses activités au patient, selon ses capacités, ses goûts et les ressources disponibles localement en terme d’encadrement. À titre d’exemple, la Fédération française d’escrime propose des séances conçues pour les femmes qui ont subi une chirurgie suite à un cancer du sein, pour prévenir le lymphœdème ou contribuer à prévenir une éventuelle récidive de ce problème.
Lors de la pratique d’une activité physique adaptée, le port des vêtements de compression (manchons ou bas) peut être maintenu (selon le ressenti du patient).
Prise en charge psychologique
La prise en charge psychologique est un élément à part entière de la prise en charge médicale du lymphœdème. Le psychologue évalue avec le patient les difficultés rencontrées : douleur, gêne fonctionnelle, vécu émotionnel (humeur, anxiété, dépression, image corporelle et image de soi, etc.). Selon le ressenti du patient, il peut le diriger vers des ressources spécialisées : service d’algologie (prise en charge de la douleur), intervenants en socio-esthétique, activités d’éducation thérapeutique du patient (ETP), psychiatre, etc.